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L'Entretien avec Jonas Byström - La photographie comme vecteur de messages

Pour cette nouvelle édition de l’Entretien, Art Work Circle s’est entretenu avec le photographe suédois Jonas Byström, à l’occasion de la mise en ligne de ses nouvelles oeuvres, avec les séries, Architectural art, Vivid water, promising paths, basic bales, floral flair, graphical greys, magic metal, stacked stones et colour codes. 

Présentez-vous en quelques mots :

Je suis un photographe suédois et éditeur indépendant de livres de photos basé à Luxembourg depuis 2007. Dans le passé, j’ai vécu au Japon, sur l’île de Bornéo, et j’ai travaillé dans beaucoup de pays, peut-être 50 au total. Tous ces voyages m’ont offert de nombreuses opportunités pour photographier différentes choses et milieux. 

Quand et comment êtes-vous entré en contact avec l’art ?

Assez tôt j’ai vu des photographies dans des magazines et dans des galeries qui montraient que ce medium offrait des possibilités pour une expression artistique mais aussi esthétique. Cette combinaison est le coeur de mon travail photographique. 

Parlez-nous de votre démarche artistique :

Mon parcours photographique a commencé au début des années 1980 ou j’ai reçu mon premier appareil photo comme cadeau de fin d’études secondaires. 
Au milieu des années 1990, j’avais déjà une grande collection de photographies et j’ai commencé a travailler avec l’agence photographique suédoise Bazaar. Avec le développement des appareils photos numériques, on a eu accès à de nouvelles possibilités. J’ai continué la photographique, la collection s’est agrandie et j’ai commencé a penser qu’il fallait trouver un moyen de partager toutes ces photos avec d’autres amateurs de photographie. 

En 2017 j’ai lancé la société Fine Photo Art (fipha) pour avoir la possibilité de partager cette grande collection de photo. Depuis j’ai publié cinq livres photographiques, trois sur des sujets luxembourgeois et deux avec des photographies prises au Japon. J’ai aussi publié six “Quotes & Images” livrets pour smartphone avec des citations sur des sujets que je trouve de plus en plus importants dans notre société. J’ai essayé de les combiner avec des photos pour améliorer le message et je les aient formatés pour qu’ils puissent être consultés sur smartphones. 

Ces livrets peuvent être téléchargés gratuitement sur mon site internet www.fipha.lu 

Ou trouvez-vous votre inspiration ?

Dans le monde qui nous entoure que j’essaie de documenter en tentant de révéler l’extraordinaire dans l’ordinaire et la beauté dans le transitoire et l’imparfait (wabi sabi en japonais) ainsi que dans le passage du temps (shibui en japonais). 
J’essaye de trouver des objets et des environnements qui sont photogéniques d’une manière ou d’une autre avec un regard pour wabi sabi et shibui. En Asie ou dans l’Est de l’Europe, la ou j’ai travaillé, les villes et les bâtiments sont imparfaits mais quand on les regarde un peu plus, il y a beaucoup de choses à découvrir et à photographier. Mes photographies de l’île Hashima dans le livre Gunkanjima Ghosts sont un bon exemple de l’expression shibui. 

NB: L’île Hashima, située au large de Nagasaki abritait une mine ainsi qu’une ville complète qui a été abandonnée dans les années 70. Les bâtiments de cette ville subsistent mais la nature reprend ses droits, ce qui confèrent une ambiance très particulière à l’île, bien connue pour son environnement urbain spectaculaire. 

Quels messages/émotions souhaitez-vous transmettre à travers vos œuvres ?

J’essaye d’inspirer à voir le monde avec des yeux différents. Avec les “Quotes and Images” livrets pour smartphone, j’utilise les images pour renforcer le message que je veux transmettre à travers les citations sur des sujets cruciaux pour nous et notre planète, comme le changement climatique, le besoin de paix, la perte de la biodiversité, le manque de bonté et de bienveillance dans notre société, le manque de vérité dans la communication. Comme on peut le voir dans les titres de mes photos ou de mes livres, je suis fan d’allitérations et j’essaye d’utiliser les allitérations comme un moyen d’améliorer la communication. 

Avez-vous un souvenir de création que vous aimeriez partager ?

Je suis né à l’extrême nord de la Suède, dans le nord du cercle polaire avec des hivers très long et très froids donc la neige fait partie de mon ADN. En arrivant à Luxembourg j’ai commencé à prendre des photographies de Luxembourg Ville sous la neige, parce que je trouve la ville encore plus belle comme ça et parce que je me suis rendu compte qu’avec le réchauffement climatique cette vue allait devenir de plus en plus rare. En 2019 j’ai créé un livre “Winter White” avec une centaine de photo de la capitale luxembourgeoise enneigée. Mon site internet fipha.lu présente tous mes livres, dont celui-ci et les livres que j’ai publié. 

Si vous deviez choisir UNE oeuvres dont vous êtes les plus fier, pourquoi ?

C’est ce premier livre “Winter White” en considérant le travail que j’ai fait moi-même pour la réalisation de ce livre. Du layout aux discussions avec les imprimeurs et les libraires ça a été une expérience tres intéressante et educative, je pense que c’est pour ça que j’en suis fier.  

Quels sont vos futurs projets ?

Je travaille actuellement sur un livre avec quarante-sept photographies de façades intéressantes prises dans sept pays différents. Chacune d’elles racontent une histoire d’une certaine manière. C’est un travail que je dois finaliser mais ce sixième livre est le prochain projet à accomplir. 

Quelle est la première chose que vous avez fait ce matin ? Comme les années s’accumulent vite, j’ai dit merci pour encore une nouvelle journée. 

Quel est le sujet de votre travail en un mot ? J’essaye de trouver des motifs et des choses intéressantes dans les alentours, alors peut-être que c’est une bonne manière de résumer mon travail, alentours. 

Vous ne quitteriez jamais votre domicile sans… Une de mes caméras

Votre happy place : Devant mon ordinateur avec de nouvelles photographies à sélectionner et éditer, qui offre la joie pure de la création. 

Votre plaisir coupable : Je suis amateur de chocolat noir, préférablement un cacao de Ghana.

Votre mot préféré : Bienveillance. Je trouve qu’on manque dans notre société ou l’égoïsme et la cupidité règnent. 

Quel est votre projet rêvé : Les cinq livres photographiques que j’ai publié sont tous des projets de rêve et le prochain le sera aussi en raison du travail et du dévouement nécessaire pour le réaliser. ça représente beaucoup de travail, de créativité, d’énergie et de temps mais ce sont aussi des rêves à réaliser. 

Propos recueillis par Art Work Circle
Crédits photos : Jonas Byström